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Socialistes, donc européens 

« Nous abordons la campagne pour les élections européennes de juin prochain avec détermination et enthousiasme ». Voilà comment le premier secrétaire du PS dans le Finistère, Tristan Foveau, a résumé l’état d’esprit des plus de 250 militant.es breton.nes réuni.es à Morlaix les 29 et 30 septembre.

« Pour la première fois, les 4 fédérations socialistes bretonnes, ainsi que les unions des élu.es socialistes et républicains et les Jeunes Socialistes se sont associées pour organiser une université de rentrée régionale » s’est félicité Tristan Foveau, en ouverture de cette journée placée sous le signe de l’Europe.

C’est au Sew, lieu hautement symbolique, que la famille socialiste bretonne s’est retrouvée. Comme l’a rappelé le maire Jean-Paul Vermot, auparavant, ces bâtiments abritaient la manufacture royale, puis impériale des tabacs avant de devenir entreprise d’État. « C’est un haut lieu des combats ouvriers et des progrès sociaux ».

L’Europe est plus progressiste que le gouvernement français

Et c’est précisément de progrès social qu’il a été question tout au long de cette journée, en particulier dans la table ronde de la matinée animée par la première secrétaire fédérale d’Ille et Vilaine, Laurence Duffaud. Tour à tour, les parlementaires européens Christophe Clergeau et Aurore Lalucq, la présidente des Jeunes Socialistes, Emma Rafowicz et le secrétaire régional de la CFDT, Christophe Rondel ont expliqué comment l’Europe doit reconquérir sa souveraineté et comment elle peut contribuer au progrès social, car, comme l’a souligné Aurore Lalucq, sur bien des dossiers, l’Union européenne est plus progressiste que la France. Même s’il reste beaucoup de chemin à parcourir. En effet, historiquement, l’Europe s’est d’abord construite autour de l’économie et non du social. Cependant, les organisations syndicales peuvent s’appuyer sur la législation européenne.

« Nous devons arrêter de faire preuve de naïveté » a exhorté Aurore Lalucq. Nous sommes les seuls, dans le monde, à croire au libre-échange et à imaginer que les autres pays ne défendent pas leurs intérêts économiques. « Mais, si elle doit se protéger, l’Europe ne doit pas se replier sur elle. Elle doit conserver ses valeurs de solidarité internationale. ».

C’est aussi au nom de ces valeurs que l’Union européenne doit protéger les droits des femmes, notamment pour garantir le droit à l’avortement mais aussi pour parvenir à l’égalité salariale entre les femmes et les hommes. « Nous avons une bataille culturelle à mener contre les forces réactionnaires qui, partout en Europe, se renforcent. Certaines batailles, que nous pensions gagnées, doivent reprendre. Y compris pour permettre aux jeunes de sortir de la précarité. »

L’Europe au secours des travailleurs des plateformes

Christophe Rondel

L’Europe peut aussi permettre de développer les droits sociaux « et c’est important, pour nous, à la CFDT, de l’expliquer aux salarié.es et de les inciter à voter pour des partis europhiles » a souligné Christophe Rondel qui a notamment cité le projet de directive sur les travailleurs des plateformes, portée par le commissaire socialiste Nicolas Schmidt, la directive sur les conditions de travail de 2019, celle sur les travailleurs détachés de 2018 ou celle sur le salaire minimum. Il n’y a certes pas encore de salaire minimum européen, mais il y a, dans chaque pays, un salaire minimum, ce qui n’était pas le cas auparavant. La conférence européenne des syndicats, dirigée par Laurent Berger jusqu’en 2023, qui compte 89 confédérations dans 38 pays, peut ensuite s’appuyer sur ces textes pour obtenir de nouvelles avancées.

Les fonds européens peuvent aussi être activés pour financer des formations pour les salariés en reconversion professionnelle.

Pour une régulation du marché de l’énergie

L’Europe peut aussi jouer un rôle important pour protéger les consommateurs a expliqué Christophe Clergeau, en particulier dans le domaine de l’énergie. « On est dans une situation totalement absurde. On est en train de soutenir les Ukrainiens contre les Russes et tous les ans on verse plus d’argent aux Russes, en achetant leur gaz, qu’aux Ukrainiens. On voit là où nous a mené la vision naïve de notre rapport à la mondialisation. Aujourd’hui, le prix de l’électricité, payé par les consommateurs, est indexé sur le prix du gaz. L’organisation européenne du marché de l’énergie pourrait revenir sur la convention qui veut que le prix de l’électricité soit fixé en fonction du prix de la dernière matière première activée pour la produire, c’est-à-dire sur le gaz. Il n’y a plus aucun lien entre le coût de production de l’énergie et le prix payé pour ceux qui la consomment. On peut, par la loi européenne, changer ce mécanisme de fixation des prix » a assuré Christophe Clergeau.

Si l’Europe ne s’est pas construite, à l’origine, sur des bases sociales, elle ne s’est pas non plus construite sur des bases fiscales. Or, pour avoir les moyens de ses ambitions, l’Union européenne doit se doter d’un budget, ce qui nécessite des ressources fiscales a rappelé Aurore Lalucq.

En revanche, et c’était l’objet de la seconde table ronde, animée par Antoine Ravard, l’Europe portait, à sa création, une promesse démocratique. Mais qu’en est-il 66 ans plus tard ? Tour à tour, Martin Schulz, ancien président du parlement européen, Nathalie Appéré, maire de Rennes, Chloé Ridel, porte-parole du PS et membre du groupe de travail qui a rédigé les textes de la convention Europe, et Philippe Doucet, ancien député du Val d’Oise et lui aussi membre du groupe de travail, ont décrit la situation et présenté des pistes de réformes.

8% des Allemands pensent qu’il y a des vies sans valeur

Il faut bien sûr lutter contre la pente bureaucratique des institutions européennes et renforcer le rôle du parlement a reconnu Martin Schulz. Mais ce qui inquiète le plus l’ancien président du parlement, c’est la montée des idées d’extrême-droite dans les pays européens. « Avec la Friedrich-Ebert-Stiftung, nous réalisons régulièrement des sondages pour connaître l’opinion publique allemande. Depuis quelques années, on sent qu’elle se droitise. Cette année, nous avons posé la question « considérez-vous qu’il existe des vies sans valeur ? »   Dans le pays où, il y a 90 ans, les Nazis ont euthanasié des gens, parce qu’ils étaient porteurs de handicap, 8% des personnes interrogées ont tout de même répondu oui. C’est particulièrement inquiétant. »

D’un point de vue géopolitique, une victoire de l’extrême-droite en France, serait une catastrophe. L’Allemagne s’est totalement engagée dans l’Europe, au moment de la réunification, alors qu’elle n’était entourée que d’amis. Que se passerait-il si l’extrême-droite était au pouvoir à Paris et Varsovie ?

L’arrivée au pouvoir de Marine Le Pen serait désastreuse pour le couple franco-allemand qui traverse déjà une crise a alerté Philippe Doucet. Or, c’est bien ce couple qui constitue le moteur de la construction européenne.

Pour Chloé Ridel aussi, la démocratie n’est pas menacée par l’Union européenne mais par les régimes totalitaires comme la Chine ou la Russie et par les partis d’extrême-droite qui relaient leurs discours.

Quoi qu’on en dise, les décisions, en Europe sont prises par des instances élues, le parlement et le conseil qui est l’émanation des gouvernements élus.

Faire vivre la démocratie européenne

Nathalie Appéré

« L’Europe est partout dans nos vies et donc dans nos villes » a rappelé Nathalie Appéré. Même si l’UE doit faire des efforts pour mieux prendre en compte le fait urbain, qui est tout de même une des composantes essentielles de la civilisation européenne.

Il faut cependant, et c’est de la responsabilité des élu.es, faire vivre toutes les opportunités démocratiques qu’offre l’Union Européenne. « C’est ce que nous avons fait à Rennes en faisant la promotion de l’initiative citoyenne européenne (ICE) et en demandant aux habitant.es sur quels sujets ils voulaient interpeller la commission européenne. Nous avons décidé de soutenir une classe de 3e, dans le quartier de Villejean, qui a souhaité défendre une proposition visant à « garantir un accueil digne des migrants en Europe ». (En savoir plus sur l’ICE de Rennes)

L’UE : un modèle unique et original

A Morlaix, il a essentiellement été question du projet que défendront les candidates et candidats, et non de leur mode de désignation. Cependant, compte tenu du tropisme très européen des Socialistes bretons, Tristan Foveau, au nom de ses homologues de la région a plaidé pour que la Bretagne soit représentée le plus haut possible sur la liste par un ou une candidate issu.e d’une des quatre Fédérations bretonnes.

Pas assez sociale, trop peu souveraine et pas assez démocratique, l’Union européenne n’en demeure pas moins, comme l’a souligné Olivier Faure, un modèle unique et original. « Il n’existe nulle part au monde un continent ou un pays qui aligne autant de lignes de droits sociaux, de capacité à défendre les libertés publiques et individuelles. Nulle part au monde, en fait, vous ne trouverez un modèle équivalent au modèle européen. Et ce modèle a été construit, essentiellement, grâce aux socialistes, aux travaillistes, de sociaux-démocrates européens.

Mais notre travail n’est pas achevé, tout simplement parce qu’il y a, aujourd’hui, des crises qui se multiplient, qui s’additionnent, qui se cumulent et qui ne sont pas, contrairement à ce qu’on peut entendre dire, des crises de notre famille politique, mais qui sont des crises du capitalisme et du libéralisme poussé à l’incandescence par celles et ceux qui se sont se succédées. »

Pour le premier secrétaire du PS, « si parfois notre famille est en crise au plan électoral, ce n’est pas parce qu’elle est socialiste, c’est parce qu’elle a trop cédé aux libéraux ».

A Morlaix, les Socialistes breton.es ont évoqué la plupart des thématiques qu’ils et elles imposeront dans la campagne : réforme du marché de l’énergie, droits des femmes, budget de l’Union, politique commune de la pêche et de l’agriculture, libertés publiques, défense commune, réforme démocratique…

C’est de cette manière, en démontrant que l’Europe n’est pas un problème, mais au contraire une solution pour répondre aux défis internationaux, et en expliquant que les décisions prises à Bruxelles ont des répercussions dans la vie quotidienne de tous les citoyens, salariés ou consommateurs européens qu’ils entendent convaincre les électrices et les électeurs de leur faire confiance le 9 juin 2024.

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