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Scolarisation des enfants en situation de handicap : le parcours du combattant

Des milliers de familles sont confrontées aux mêmes difficultés lorsqu’elles doivent scolariser un enfant en situation de handicap. Le nombre exact d’élèves concernés est inconnu puisqu’il est interdit, à cause, ou grâce, au secret médical, d’établir des statistiques. La majorité présidentielle a donc beau jeu de répéter qu’il n’y a pas problème. Or, même s’il n’est pas possible de quantifier le phénomène, tous les témoignages des familles, des enseignant.es ou des accompagnant.es confirment que la scolarisation des enfants en situation de handicap relève du parcours du combattant pour les parents.

Donner la parole à tous les partenaires pour comprendre pourquoi la loi n’est pas appliquée

Magali Taragna

Les sections socialistes de Brest, à l’initiative de Magali Taragna, secrétaire de la section Lambé/Bellevue Europe, ont décidé de prendre cette question à bras le corps et d’inviter des parents d’élèves, des responsables associatifs, des professionnel.les de l’accompagnement scolaire, des élu.es, des enseignant.es, des accompagnant.es (AESH) à en débattre le 17 octobre pour tenter de comprendre pourquoi la loi n’est pas correctement appliquée.

Car, et c’est aussi l’une des raisons pour lesquelles les parents se heurtent souvent à des murs, de multiples acteurs sont concernés. A commencer par l’Éducation Nationale. Mais les mairies, les maisons du handicap, les conseils départementaux, les structures socio-médicales interviennent également. Chaque enfant est singulier, or l’administration cherche à les faire entrer dans des cases, ce qui peut provoquer des tensions avec les familles.

La première loi pour le handicap, dite loi Veil, date de 1975. Elle instaurait trois droits fondamentaux pour les personnes en situation de handicap, enfants et adultes : le droit au travail, le droit à une garantie minimum de ressource par le biais de prestations et le droit à l’intégration scolaire et sociale.

30 ans plus tard, elle a été complétée par la loi du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances. Celle-ci instaurait le « droit à la compensation » des conséquences du handicap.  « La loi de 2005 acte le principe de non-discrimination : toute personne handicapée, quelle que soit la nature de sa déficience, a les mêmes droits qu’une personne valide. Mais ces droits ne sont pas toujours respectés » a dénoncé Catherine Jean, membre de la CDAPH (commission des droits et de l’autonomie des personnes handicapées) et du collectif des associations des personnes handicapées.

L’école inclusive à marche forcée

Brigitte Bonneau

Jean-Michel Blanquer, en 2019, a décidé de réaliser l’école inclusive à marche forcée, et à moyens constants, sans concertation avec les collectivités locales, sans avoir formé les enseignant.es et sans coopération avec le secteur médico-social. Autant dire que cette initiative était vouée à l’échec.

« Les premières circulaires au bulletin officiel de l’éducation nationale datent de 2003 mais ce n’est qu’en 2007 que les premiers guides pratiques ont été publiés » a rappelé Brigitte Bonneau, ancienne directrice d’école.

Tarek Hamed, enseignant en collège, confirme que l’inclusion est bénéfique pour tous les élèves lorsqu’elle se réalise dans de bonnes conditions. Or, les enseignant.es, les professeurs principaux en particulier, ne sont pas suffisamment accompagnés et aidés, au point que, parfois, certains collègues sont en difficultés compte tenu de la complexité des dossiers, comme les Guide d’évaluation des besoins de compensation en matière de scolarisation ( Geva-sco), les choix d’orientation, la mise en place des adaptations pédagogiques ou la mise en place du PPS (projet personnalisé de scolarisation).

Il n’est pas toujours facile d’analyser les besoins des élèves en situation de handicap.

Le rôle essentiel des collectivités locales

Emilie Kuchel

« Les collectivités interviennent surtout sur les mises aux normes des bâtiments pour permettre à chaque élève d’être scolarisé » a expliqué Émilie Kuchel en charge des politique éducatives à Brest. « Chaque année, nous réalisons des travaux dans nos écoles afin de les rendre accessibles. Aujourd’hui, les élèves en situation de handicap peuvent suivre leur scolarité dans 34 écoles sur 37 ».

Mais le rôle de la collectivité ne se limite pas aux travaux d’accessibilité. « Nous avons mis en place des renforts d’animateurs et d’AESH pour accompagner les élèves à besoins spécifiques en dehors des temps scolaires » a ajouté Émilie Kuchel. « En lien avec les professionnels nous avons également lancé un programme d’aménagement des cours d’école afin de permettre aux élèves qui en ont besoin de s’isoler, et de passer les récréations au calme. Toujours en fonction des besoins de certains élèves, nous avons aménagé, dans les écoles, des salles médicales afin d’éviter que les élèves ne soient obligés de se déplacer pour recevoir des soins, et que les professionnels puissent intervenir sur place. »

Malgré les efforts des collectivités, tous les enfants ne sont pas scolarisés de manière satisfaisante, faute de moyens pour les accompagner ou former les enseignant.es.

« Dans mon association, au cours de nos cafés-rencontres qui ont lieu chaque mois, je suis témoin que l’inclusion est très décevante. Nos enfants sont souvent harcelés, ils ne sont pas heureux à l’école, ils se sentent jugés, discriminés par le système éducatif » a dénoncé Catherine Jean.

Mieux informer, mieux former et mieux accompagner les enseignant.es

Catherine Jean

Les associations constituent une force de propositions pour améliorer la vie des familles et des enfants.

Le plus simple, c’est l’accessibilité des bâtiments qui doit être généralisée. Mais il faut aussi mieux informer, mieux former et mieux accompagner les enseignant.es. En parallèle, il convient de développer et prolonger la logique de partenariats et de coopération entre l’école, le secteur médico-social, les professionnels libéraux et les familles.

Enfin, les associations demandent de fluidifier les parcours des élèves en situation de handicap afin d’éviter les ruptures.

Pour y parvenir, elles proposent, notamment, d’améliorer le recrutement et l’organisation de l’accompagnement des élèves, par des AESH mais aussi par l’enseignement spécialisé. « L’école doit pouvoir faire appel à un enseignant spécialisé lorsqu’il est nécessaire de faire des aménagements pédagogiques. Le seul recours aux AESH est insuffisant » explique Catherine Jean.

« Il faut également diversifier les modes de scolarisation : ULIS, (  unités localisées pour l’inclusion scolaire) UEE (unité d’enseignement externalisé), SEGPA, (Section d’enseignement général et professionnel adapté), DAR (dispositif d’autorégulation), UEEA (unité d’enseignement en élémentaire autisme), UEMA (unité d’enseignement en maternelle autisme) avec des passerelles possibles, des doubles orientations ».

Les associations demandent en outre, de diminuer le nombre d’élèves par classe et de mettre en place un service d’accompagnement pour éviter les ruptures de parcours qui pourrait être assuré par une personne ressource enseignante, ou par un système de tutorat confié à un enseignant ou à un élève. Enfin, l’éducation nationale doit absolument veiller à construire un emploi du temps qui tienne compte des besoins de l’enfant, intégrant les temps d’enseignements, de rééducation, de concertation et les loisirs.

Les accompagnant.es d’élèves en situation de handicap (AESH) jouent un rôle déterminant dans le parcours scolaire. Mais, sans personnel supplémentaire, mieux formé, mieux rémunéré, il ne sera pas possible d’offrir à tous les élèves les mêmes chances de réussir leur scolarité.

Poser la question de la scolarisation des élèves, comme l’ont fait les sections brestoises, conduit naturellement à envisager de nouvelles rencontres et à élargir le débat vers d’autres sujets tout aussi cruciaux comme l’accès aux sports ou aux loisirs, l’accueil des étudiant.es en situation de handicap, ou, plus tard, l’entrée dans le monde du travail où, là aussi, les lois qui prévoient l’inclusion des salarié.es en situation de handicap ne sont pas toujours appliquées.

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