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Le grand Louis, toujours devant

L’annonce de la disparition de Louis Le Pensec a suscité de très nombreuses réactions attristées. Si le grand Louis inspirait autant de respect, c’est parce qu’il a toujours été un pionnier, un précurseur.

Il le fut au Parti Socialiste, version Épinay, en étant l’un des premiers adhérents et le premier député PS, post SFIO, dans le Finistère, en 1973.

En 1998, c’est lui qui mena la liste aux Sénatoriales permettant aux Socialistes du Finistère d’être bien représentés au Sénat, avec lui, Yolande Boyer et François Marc.

Louis Le Pensec fut, avec d’autres, comme Francis Le Blé ou Charles Josselin, un artisan de l’enracinement du socialisme en Bretagne. Ce qui nous paraît naturel aujourd’hui 50 ans après, n’allait pourtant pas de soi. La transition d’une Bretagne cléricale et conservatrice vers une Bretagne de gauche n’a été possible que parce qu’une génération de militant-es politiques et syndicaux, et parfois les deux, née entre la fin des années 30 et le début des années 40, a su imposer dans le débat des questions comme celle du partage des richesses dans l’entreprise, de l’écologie, (Amoco Cadiz et Plogoff) ou de la décentralisation. C’est Louis Le Pensec qui accueilli François Mitterrand, le 11 septembre 1973 à Rennes, pour le lancement du BREIS (Bureau régional d’étude et d’information socialiste) qui fut la première union régionale du Parti Socialiste en France et qui, tout au long de la décennie 70, servi de laboratoire d’idées pour la décentralisation qui mirent en œuvre Pierre Mauroy et Gaston Defferre en 1981. C’est cette génération qui a permis aux roses de pousser sur le granit.

Même avec son affiche de campagne, Louis Le Pensec était en avance sur son temps. Il avait demandé au graphiste Alain Le Quernec de réaliser une affiche originale. A l’époque, toutes les affiches se ressemblaient : en noir sur du papier de couleur puisque le noir et blanc était réservé aux services de l’Etat. Alain le Quernec pris lui-même la photo et utilisa de l’encre bleue. L’effet fut immédiat et l’affiche de Louis Le Pensec était largement la plus visible.

Au début des années 70, Louis Le Pensec était bien seul pour représenter la gauche du Finistère à l’Assemblée.  Et l’idée qu’il puisse y avoir des sénateurs socialistes au Sénat n’était même pas envisageable. Il fut rejoint en 1978 par Marie Jacq, avant que ne déferle la vague rose de 1981.

Précurseur, il le fut aussi au gouvernement puisqu’il restera comme le premier ministre de la mer de plein exercice. Dans son autobiographie « ministre à bâbord » il raconte comment, tout jeune député, Gaston Defferre lui confia le suivi des affaires maritimes pour le groupe socialiste à l’Assemblée. C’est durant ce mandat qu’il se familiarisera avec les questions de pêche, de transport maritime mais aussi des marées noires.

A la sortie du premier conseil des ministres, le 27 mai 1981 il précisa ses attributions en rappelant que « le ministère de la mer était samedi un mot, c’est devenu en 4 jours une réalité ». Ce ministère se voit confier les responsabilités de la Direction Générale de la Marine Marchande, qui peuvent s’énoncer en responsabilité des pêches maritimes, de la direction de la flotte de commerce et de la construction navale, de la Direction des Ports Maritimes et de la navigation, de la direction de l’établissement national des invalides. Il s’ajoute à cette énumération la responsabilité de la mission interministérielle de la mer et la tutelle du Centre National d’Exploitation des Océans.

Sa nomination intervient à un moment où la Brittany Ferries, qui à l’époque s’appelait la BAI (Bretagne Angleterre Irlande) traversait une grave crise qui aurait pu se terminer par un dépôt de bilan. C’est lui qui trouva la solution en la transformant en société d’économie mixte avec l’achat des navires par les régions et les départements. « Sans Louis Le Pensec, il n’y aurait plus de Brittany Ferries » rappelle Marylise Lebranchu.

En mars 1983, un remaniement ministériel modifie le périmètre des ministères. La mer passe d’un ministère de plein droit à un secrétariat d’État. Louis Le Pensec refuse ce recul et présente sa démission. Bien avant Jean-Pierre Chevènement, il appliqua la maxime selon laquelle, « un ministre, ça ferme sa gueule, ou ça démissionne ».

Louis Le Pensec arrive au ministère des Dom Tom, en 1988 à un moment où la Nouvelle Calédonie est en quasi guerre civile, suite à la gestion calamiteuse des relations entre Kanaks et Caldoches par le gouvernement Chirac. Il mène les négociations qui aboutissent aux accords de Matignon qui ramènent la paix sur l’île.

Au ministère de l’agriculture et de la pêche, en 1997, il annonce le principe de la concertation avec tous les syndicats agricoles reconnus représentatifs, et s’engage à assurer leur présence dans toutes les instances administratives. « Louis Le Pensec ouvre également de nombreux chantiers, qui coïncident avec plusieurs des revendications de la Conf’ » comme sur la protection sociale agricole ou une meilleure répartition des primes de la PAC, explique la Confédération paysanne. Avec les CTE (Contrats territoriaux d’exploitation) il jette les bases des mesures agro-environnementales.

Toute sa vie, Louis le Pensec a défendu les couleurs du Parti Socialiste sans jamais perdre une élection. Même en 1993, il parvint à conserver la 8e circonscription à 400 voix près. Mais, contrairement à l’idée reçue selon laquelle les hommes politiques n’ont pas d’enfants, lui a toujours su préparer et accompagner ses successions. C’est aussi en ça qu’il fut un bâtisseur. Maire de Mellac, pendant 26 ans, il passa le flambeau à Bernard Pelleter, qui lui-même le passa à Franck Chapoulie.

Député pendant 31 ans, il fut élu pour la première fois en 1973, annonçant 4 ans à l’avance la vague rose des municipales de 1977 dans l’Ouest. Il fut réélu sans discontinuer jusqu’en 1997 puis passa la main à Gilbert Le Bris qui en 2002 fut à son tour élu député de la 8e circonscription.

En 1998, il contribua à la victoire de la gauche au Conseil général et fut élu sénateur dans la foulée avec Yolande Boyer et François Marc. Il y siégea pendant 10 ans.

Il siégea au Conseil général du Finistère pendant 32 ans, de 1976 à 2008. Là aussi, il fut remplacé par Michael Quernez dans le canton de Quimperlé. Les candidat-es socialistes dans la 8e circonscription, pour les municipales, départementales ou régionales ont toujours pu compter sur son indéfectible et précieux soutien.

Partout où il a exercé des responsabilités, on peut dire qu’il y a eu un avant et un après Louis Le Pensec. Il a toujours su imprimer sa marque, son style et faire partager sa détermination aux équipes qui l’accompagnaient, dans les campagnes électorales, qu’il n’a jamais perdues, ou dans les cabinets ministériels.

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