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PARTI SOCIALISTE

Cap Finistère

Le capitalisme est condamné à se transformer 

Noel Landreau

Depuis 1973, Noël Landreau, à Lorient, puis à Brest, milite pour un meilleur partage des richesses et des responsabilités.  

je me suis d’abord tourné vers le MOB (mouvement pour l’organisation de la Bretagne)

Comment es-tu devenu socialiste ? 

Je n’ai pas commencé mon engagement politique au PS, ou plutôt à la SFIO puisque j’ai commencé à militer dans les années 60. Je viens d’une famille où on ne faisait pas de politique. On s’en méfiait beaucoup, même. Mon père me conseillait de m’en tenir éloigné. Je crois que ce qu’il avait connu pendant la guerre l’avait traumatisé. Pour lui, faire de la politique, c’était « casse-cou ». Cependant, vers 18 ans, je me suis intéressé à la politique et je me suis d’abord tourné vers le MOB (mouvement pour l’organisation de la Bretagne). Je suis originaire de la région nantaise, je suis un Breton du sud.

J’ai donc rejoint le MOB en 1960 mais je ne l’ai pas suivi en 1964 lorsqu’il a participé à la création de l’UDB (Union démocratique bretonne). Je n’étais pas d’accord avec les statuts qui étaient, pour moi, trop calqués sur ceux du PC.

En 1963-64 j’ai donc rejoint le mouvement fédéraliste européen qui correspondait mieux à mes idées girondines et proudhoniennes. Ensuite, au sein du PS, j’ai toujours été du côté des Girondins plutôt que des Jacobins ou des Montagnards.

Après l’élection présidentielle de 1965 j’ai adhéré à objectif 72. Ce club avait choisi ce nom en référence aux élections présidentielles qui devaient, sans le référendum de 1969, se tenir en 1972. Objectif 72, où j’ai côtoyé des militants comme Jean Offredo, Gérard Fuchs ou Robert Buron, l’ancien maire de Laval rassemblait ce qu’on appelait les Cathos de gauche qui ont joué un rôle déterminant, en particulier dans l’Ouest et en Bretagne. Je pense bien sûr aux municipales de 1977 et, pour ce qui nous concerne, la victoire de Francis Le Blé à Brest.

En 1971 ce mouvement, qui prend le nom d’Objectif Socialiste, participe au congrès d’Épinay et se retrouve dans la motion K, puis rejoint François Mitterrand. Personnellement, j’adhère au PS en janvier 73. Je vivais à l’époque à Lorient, et ce n’est qu’en 1976 que j’arrive à Brest pour ma carrière professionnelle à l’arsenal.

La signature du programme commun permettait d’envisager l’avenir avec espoir

Le programme commun de gouvernement

Quel événement t’a poussé à adhérer ? 

La signature du programme commun de gouvernement, entre le PS, le PC et les radicaux de gauche. Il est signé au printemps 1972 et je prends ma carte au PS. La signature de cet accord permet d’envisager l’avenir avec espoir, de croire en une victoire de la gauche unie. Avant que Michel Rocard n’arrive au PS, j’étais plutôt proche du courant du CERES de Chevènement, convaincu qui défendait l’idée que le PS devait se développer dans les entreprises, car c’est bien là, et non dans les mairies, que se réalise la plus-value capitaliste.

Quelles lectures t’ont influencé ? Quelles personnalités t’ont inspiré ?

Je ne suis pas un intellectuel. Je suis un ouvrier de l’arsenal qui est devenu cadre grâce à la formation professionnelle. Mais « La mère » de Maxime Gorki, qui dépeint la condition ouvrière m’a profondément marqué

Mitterrand et Rocard ont bien sûr joué un rôle dans mon engagement. Mais je citerai aussi Alexandre Marc, penseur du fédéralisme et tous les non-conformistes des années 30 qui ont gravité autour du Sillon de Marc Sangnier.

Pour moi, le socialisme est un arbre qui n’a pas encore donné tous ces fruits

Quelle est ta définition du socialisme ? 

Pour moi, le socialisme est un arbre qui n’a pas encore donné tous ces fruits. Il faut se projeter sur le long terme, à 10, 20 voire 30 ans et accompagner la conscience de l’humanité car il faudra bien que le pouvoir soit partagé dans tous les lieux de décision. Le capitalisme est appelé à se transformer au fur et à mesure que se développe la conscience universelle des dégâts sociaux ou environnementaux qu’il engendre. Déjà, dans les années 70 nous avions des débats autour de la question de l’autogestion. Le terme est tombé en désuétude mais c’est bien de cela qu’il s’agit. Et parce que cette prise de conscience est inéluctable, je suis confiant dans l’avenir du socialisme.

Campagne François Mitterrand

Quelle est ta meilleure anecdote de militant ? 

Spontanément, je répondrais la victoire de François Mitterrand le 10 mai 1981. Cet événement restera à tout jamais gravé dans ma mémoire. Ceux qui ne l’ont pas vécu ne peuvent pas se rendre compte de la force de cet événement, de la ferveur qu’il a suscitée. Je ne citerai que la libération des ondes. Ça paraît banal aujourd’hui d’allumer la radio et d’avoir autant de choix mais ce n’était pas le cas avant 1981 et c’est à la gauche qu’on le doit.

Parmi les anecdotes moins joyeuses, je me souviens aussi avoir été attaqué, avec d’autres camarades, alors que nous collions, place de l’hôtel de ville, à Lorient, pour la Présidentielle de 1974. Un commando d’extrême-droite, avec des chiens, nous ont pris nos seaux de colle et les ont versés dans nos voitures. Je ne sais pas ce qui se serait passé si nous nous étions rebiffés. A l’époque, on était traité de socialo-communiste ! expression qui a disparu du vocabulaire de la droite.

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